Le parc national de Gonarezhou
Ceux qui sont au courant l'appellent "Gona" : un morceau d'Afrique oublié, à l'extrême sud-est du Zimbabwe, une région loin de la foule alliant plaines et savane broussailleuse. Bordant le parc national Kruger en Afrique du Sud et le vaste parc national du Limpopo au Mozambique, le parc national de Gonarezhou est intact et sauvage. Le sentiment d'espace y est immense. Il existe peu d'espaces protégés de cette taille en Afrique : ensemble, ces trois immenses parcs forment une zone préservée d'environ 35 000 km². C'est un des meilleurs plans pour sauver la biodiversité et c'est ce qu'on appelle le Great Limpopo Transfrontier Park.
Gonarezhou, "le lieu des éléphants"
C'est ce que signifie le nom de "Gonarezhou". Avec près de 11 000 pachydermes sur son territoire de 5035 km2, voici le deuxième plus grand parc national du Zimbabwe derrière le parc national de Hwange. C'est une des dernières grandes étendues sauvages d'Afrique, brute et sans entraves, un lieu d'espace et de grand ciel où les animaux se déplacent librement dans des paysages contrastés par des rivières cristallines.
Crocodiles et hippopotames habitent les lits sableux des rivières, tandis que les plaines inondables et les forêts de mopane, d'acajous et de baobabs géants abritent plus de 150 espèces de mammifères (impalas, gnous, phacochères, zèbres et gracieuses girafes, élands, buffles ainsi que d'énormes troupeaux d'éléphants). Les prédateurs présents ici sont les lions, les hyènes tachetées (et même brunes), ainsi qu'un nombre impressionnant de meutes de chiens sauvages. Aigles majestueux, rapaces et hiboux complètent la liste des 400 espèces d'oiseaux recensées ici.
Trois grands fleuves : The Save, Runde et Mwenezi coulent à travers le parc, formant de magnifiques piscines et oasis naturelles où viennent s'abreuver des dizaines d'oiseaux et d'animaux sauvages. Si Gonarezhou est réputé pour ses éléphants, une des caractéristiques naturelles les plus remarquables du parc est certainement la présence des magnifiques falaises de grès rouge de Chilojo, hautes de près de 200 mètres et longues de 16 kilomètres. Surplombant la pittoresque vallée de la rivière Runde, elles offrent une toile de fond unique et ajoutent une sensation d'autre monde à la région.
La réserve de Malilangwe et le lodge de Singita Pamushana
Voisine du parc de Gonarezhou, la réserve privée de Malilangwe (130 000 hectares) regorge d'oiseaux et d'animaux sauvages, y compris d'espèces rares, en voie de disparition telles que l'antilope rouanne et zibeline et le rhinocéros noir. Avec ses forêts cathédrale de Mopane et ses majestueux baobabs, Malilangwe est une région où vous trouverez également plus de 100 sites archéologiques datant de plus de 2000 ans.
C'est une région qui dispose de paysages constrastés avec une grande diversité géologique, des habitats différents et une grande variété d'espèces végétales et animales. La réserve est séparée d'est en ouest par une série de collines de grès accidentées, au sein desquelles plus de 80 anciens sites de peintures rupestres ont été découverts. La rivière Chiredzi s'étend sur toute la longueur du nord au sud, et finit dans la rivière Runde. A l'inverse de Gonarezhou où les rhinocéros sont absents, Malilangwe (qui signifie «appel du léopard») abrite les «Big 5» avec une population de rhinocéros blancs et noirs. Lions, guépards, léopards, hyènes et chiens sauvages, gardent la population herbivore sous contrôle. La girafe, le zèbre, l'impala et le gnou abondent dans les plaines de Banyini au centre de la réserve, tandis que l'antilope sable et le gnou du Lichtenstein se trouvent dans les bois de mopanes à l'est et au sud.
Singita Pamushana est le seul lodge de la réserve privée de Malilangwe. Autrefois utilisé comme ranch pour le bétail, le terrain a été acquis par le Malilangwe Trust en 1994, qui l'a transformé en zone sauvage protégée. Comme à Gonarezhou, les touristes jouent un rôle important dans la génération de revenus pour soutenir les projets de conservation et communautaires de la région. Aujourd'hui, le programme de rhinocéros de Malilangwe connaît un tel succès que certains de ses animaux ont été déplacés vers d'autres réserves.
Si Singita Pamushana est probablement un des lodges le plus haut-de-gamme du Zimbabwe, ce n'est pas seulement le design et le luxe de l'endroit qui le rendent magique mais l'isolement et l'exclusivité du lieu.
En quittant les sentiers battus et en vous aventurant ici, vous trouverez une multitude de façons différentes d'explorer et d'en apprendre davantage sur la population locale, leur culture et la faune.
Le barrage de Malilangwe, situé au-dessous de Singita Pamushana Lodge, abrite plusieurs espèces de poissons, dont le célèbre Tiger Fish, ainsi que des hippopotames, des crocodiles et de nombreux oiseaux aquatiques. Durant les mois d'été, les familles d'éléphants apprécient régulièrement des baignades tranquilles à l'extrémité supérieure du barrage. Couplée à l'immensité du grand écosystème de Gonarezhou et du Great Limpopo Transfrontier Park, la réserve de Malilangwe est vraiment unique en son genre, un joyau de nature sauvage !
Une gestion éco-responsable du parc et de la réserve
La région a connu une histoire difficile. En 1968, le peuple Machangana (appelé également Shangaan) qui habitait la zone de Gonarezhou, fut déplacé pour permettre le contrôle de la mouche tsé-tsé. Puis, répertorié comme parc national en 1975, Gonarezhou fut au coeur de la guerre civile du Mozambique avec lequel il partage une frontière. Après l'indépendance du Zimbabwe en 1980, beaucoup de Shangaan revinrent y vivre, y compris des gens du village de Mahenye qui borde la limite nord du parc. Le braconnage était alors monnaie courante et les combats entre villageois et rangers du parc étaient fréquents et violents. De ce chaos est né le concept de gestion des parcs par les communautés locales. C'est à l'initiative de Clive Stockil, fils d'un missionnaire né et élevé à Mahenye, qu'un système intelligent a été rendu possible, partant du principe que si les communautés possèdent la faune et les terres et en bénéficient, alors, elles la protégent.
A Gonarezhou comme à Malilangwe, une organisation à but non lucratif prend grand soin d'inclure les communautés locales dans son fonctionnement et son développement. La venu de touristes dans la région, c'est une source de revenus pour toutes les personnes qui vivent ici et bénéficient d'une amélioration des soins de santé et des moyens d'éducation.
En 1983, après que fut construite à Mahenye la première ecole de la région grâce aux recettes du parc, le braconnage chuta de façon spectaculaire, passant de l'un des taux les plus élevés du pays, à l'un des plus bas du pays.
La gestion par les communautés locales est devenu un modèle pour les partenariats communautaires à travers l'Afrique, et Clive est devenu un écologiste de renom.
Aujourd'hui, les habitants de Mahenye sont au nombre de 6000 habitants. Leur village dispose désormais d'une clinique, d'écoles, de puits et de broyeurs. Les gestionnaires du parc sont étroitement impliqués avec les villageois, et grâce à un programme éducatif et des ateliers, les gens apprennent à mieux protéger leurs cultures et leurs animaux, dans une zone où les conflits entre êtres humains et animaux sauvages sont quotidiens. La plus grande opportunité que la conservation du parc apporte ici est sans aucun doute l'emploi. Un centre de formation a pu être créé pour la population locale, une première dans la région, qui emploie lui-même près de 250 personnes, dont 85% viennent des villages alentour.
A Gonarezhou, les efforts de conservation de la faune portent leurs fruits avec un nombre d'animaux sauvages en plein essor et les éléphants, les buffles, les lions et les léopards font régulièrement leur apparition. La seule chose qui manque, ce sont les rhinocéros qu'un projet de réintroduction espère ramener dans le parc, pour faire de lui ce qu'on appelle "une destination Big Five" (où l'on voit : lion, léopard, rhinocéros, éléphant et buffle). Dans la réserve voisine de Malilangwe, cette réintroduction a eu lieu avec succès et la réserve abrite une population saine de rhinocéros noirs et blancs en voie de disparition, l'une des plus grandes populations du Zimbabwe.
Pas un touriste à l'horizon
La magie de Gonarezhou et de Malilangwe vient en grande partie de l'absence de touristes, dans une zone trois fois plus grande que le parc du Massaï Mara au Kenya ! C'est ce qui rend cette région si intéressante. Aucun signe de vie créé par l'homme. C'est un vrai parc sauvage, tel que cela n'existe (presque) plus sur notre planète. Vous ne verrez presque jamais d'autre voiture mais vous remarquez le vert flamboyant des arbres, les formations de nuages, les escarpements et les falaises au loin, les sons des oiseaux, l'écorce des gigantesques baobabs... Ici, les animaux ne sont pas habitués à voir des 4x4, il faudra peut-être faire un peu plus d'efforts pour les approcher, mais ce sera passionnant !
Dépêchez-vous : l'aéroport voisin, transformé récemment en nouvel aéroport international, espère recevoir des avions du monde entier. Pour le moment, Gonarezhou et Malilangwe sont reliés deux fois par semaine en avion depuis Johannesburg ou Harare.